EN même champ, un coq, un baudet, un lion ;
Suivant chacun sa passion,
Se trouvèrent ; le coq de grain cherchait pâture ;
L'âne de ses chardons la douce nourriture ;
Le lion une proie, or l'âne est tout trouvé.
Rien de meilleur ne s'offre, allons, il s'en contente.
Comme il approchait, le coq chante,
Et pour l'instant voilà Martin sauvé.
Des sons aigus du coq un lion s'épouvante,
Et s'enfuit, le fait est prouvé :
L'âne qui n'en sait rien se fourre dans la tête
Qu'il est des animaux le plus à redouter,
Que l'on a peur de lui, qu'on le veut éviter,
Et poursuit le lion : Tu n'es qu'un lâche, arrête !
Lui criait-il... Du coq la voix ne s'entend plus :
Le lion se retourne ; et voyant ma pécore
Qui courait après lui, surpris, outré, confus,
Revient 1 l'étrangle et la dévore.
Toujours les sots sont empressés
De faire quelque impertinence.
Pourtant de la bêtise, hélas ! c'est bien assez,
Sans y joindre encor l'arrogance.