Aux traits d'un nain parfois un géant est en butte.
Un arbre fort et spacieux
Avec les feuilles eut dispute.
Celle-ci se montaient sur le ton précieux,
Et même en vinrent à l'injure.
Vous oubliez, dit l'arbre en sa noble grandeur,
Qu'à mon suc vous devez votre riche verdure ;
Que de moi, de moi seul, vous tirez votre honneur.
Réfléchissez, feuilles légères,
Qu'un printemps passager rend si vaines, si fières,
Que l'automne vous jaunira,
Et, plus encor, qu'un vent funeste
Loin de moi vous emportera.
- Bien dit ! Dun bon ouvrage, ô toi, censeur si leste ;
Écris, écris tout ce qu'il te plaira ;
La feuille tombe, l'arbre reste.