Les Sauvages et l'Arbre à fruits Claude-François-Félix Boullanger de Rivery (1725 - 1758)

Certain Arbre au Pérou portait des pommes d'or,
On le couvait des yeux, c'était un vrai trésor.
Une jeune Sauvage à l'échelle grimpée
Les cueillait doucement avec précaution,
Sans casser un rameau, sans froisser un bouton :
Mais elle était ainsi plusieurs jours occupée.
À quoi s'amuse là cette jeune Poupée ?
Dit Gros-Jean l'Iroquois, servons-nous d'un bâton,
Et nous aurons tout fait en moins d'une journée.
Puis s'admirant lui-même il ajoute à l'instant,
Mes Amis, croyez-moi, le bâton est trop lent,
Faisons mieux, prenons la coignée,
Le profit doublera, nous aurons à la fois
Et le tronc et les fruits. C'est bien dit, mon Compère,
Nous gagnerons et du temps et du bois.
Sous les coups redoublés du stupide Iroquois,
L'Arbre semble gémir et plaindre sa misère,
C'est en vain, les ingrats le rasent terre à terre.
Tout alla bien l'hiver, on s'en chaussa d'autant.
Mais dès que l'Amour de Pomone
Eût parfumé les airs et préparé l'Automne,
Chacun ouvrit les yeux, chacun fut moins content ;
Et sur ce qui restait encore
De cet Arbre si beau, si fertile autrefois,
On ne vit point de fleurs éclore.
On comprit le travers de Gros-Jean le Démore,
Il fut tout le premier à s'en mordre les doigts.

L'Arbre, c'est quelquefois une pauvre Province,
Les Sauvages, tel ou tel Prince,
Un Chiaou-Chérif, un Cacique, un Inca,
Ou l'Empereur du Monopotapa.

Livre II, fable 12


Iroquois ?... Pfff... Je sens un gros malaise en lisant cette fable. Je veux bien la replacer dans son contexte... mais même...

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