Les deux Ruisseaux Jean-François Guichard (1731 - 1811)

Certain ruisseau, sur son passage
Rencontrant un autre ruisseau
Près duquel autrefois il promenait son eau ;
Maintenant gros seigneur, lui tint ce dur langage :
Quoi toujours dans le même état,
Toujours rampant, toujours faible, mon frère ?
Ne rougissez-vous point? Regardez, mon éclat...
Couler ainsi, quelle misère !
Moi, qui n'étais que votre égal
Me voila. cependant une grande rivière ;
Et du train que je vas, si Dieu ne m'est contraire ;
Du Danube ou du Rhin je serai le rival.
L'humble ruisseau répond : Ah vous le souhaite ;
Quant à moi, le fracas ne m'a jamais tente.
Je prise tant la pureté,
Qu'il me suffit que mon onde soit nette.
Vous êtes, i1 est vrai, devenu bien fameux ;
Mais un peu, ce me semble, et bruyant et fangeux.

Livre II, fable 17




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