L'Amour et Apollon Jean-François Guichard (1731 - 1811)

L'Amour tout glorieux va trouver Apollon,
Et lui porte des vers qu'il disait admirables +
« DE LA BELLE PHILIS LES ATTRAITS ADORABLES »
En était un. Bonjour, seigneur de l’Hélicon ,
Tiens, lis. — Que veux-tu que je lise?
— Des vers que j’ai dictés, des vers de ma façon.
Je m’attendais a ta surprise.
Tu ne me croyais pas ce talent ? — Ma foi, non.
— Songe à me préparer au plutôt une place
Sur ton Parnasse ;
Entends-tu ? Je choisis ce lieu
Pour y tenir académie.
Voyons, petit bavard , voyons, reprit le dieu
Qui préside a la poésie.
— Lis, surtout ne te préviens pas...
— Je n’en lirai point davantage ;
Reprends ; reprends ton griffonnage ,
Et tes chaines , et tes APPAS,
Ex tes vives ARDEURS, et tes FLAMMES PARFAITES,
Et ton MARTYRE, et tes DOULEURS.
Pauvre Amour! si tu fais d’assez bons orateurs,
Que tu fais de méchants poètes !