Deux ruisseaux dérivant de la même fontaine,
Doucement s'écoulaient vers un riche domaine ;
Mais l'un, conduit par l'art à travers des tuyaux,
Va parer un jardin de ses brillantes eaux ;
Il offre, à l'œil surpris, des cascades superbes ;
L'autre, modestement se glissant sous les herbes,
Fournit au potager un abondant secours.
Pour vanter le premier chacun rompt le silence ;
Le second n'offrant rien de brillant dans son cours
Au contraire n'est vu qu'avec indifférence.
De l'homme ce récit peint la frivolité ;
L'artiste d'agrément est toujours plus vanté
Que le bon artisan dont les travaux utiles
Fertilisent nos champs et font fleurir nos villes.