Sur un riant coteau
Que baignait de son onde un limpide ruisseau,
S'élevaient verdoyantes
Plusieurs toufses de plantes
De diverses couleurs.
Celles qui fleurissaient sur l'humide rivage,
Aux autres s'adressant : «Hélas ! charmantes sœurs,
Combien vous perdez d'avantage
A demeurer sur ces hauteurs !
Souvent on vous voit languissantes
Sous les feux ardents du midi,
Tandis qu'en un sol attiédi
Nous bravons de l'été les chaleurs accablantes.
— Nous n'envions pas votre sort,
Plaise à Dieu que toujours vous en soyez contentes,
Répondirent les autres plantes,
Et no regrettiez pas de vivro sur co bord !
Voyez, à l'horizon un orage s'apprête,
Bientôt sur ces coteaux soufflera la tempête :
Que va-t-il advenir ? Qui bravera l'effort
Des périls rassemblés dans ce sombre nuage ? »
Le nuago s'approche et crèvo en un instant.
Le ruisseau grossissant inonde le rivage,
Emporte tout sur son passage ;
Seules, dominant son ravage,
Les plantes du coteau, pliant et se courbant,
Furent sur pied après l'orage.
À l'avenir il faut souvent
Savoir sacrifier les douceurs du présent.