Les Ruisseaux et la Rivière Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Maints petits ruisseaux, dans leur cours,
Après mille et mille détours,
Avec un doux murmure allaient verser leur onde
Dans certaine rivière et rapide et profonde,
Qui, toujours en grondant précipitant ses flots,
Pleine d'un, fol orgueil, leur adressait ces mots :
Le sort vous fit jaillir de bien chétive source,
Puisqu'ici vous trouvez le but de votre course.
Je vous permets pourtant de vous perdre en mes eaux ;
Tel est mon bon plaisir : soyez mes tributaires.
Tais-toi, répondent-ils ; sans nous, petits ruisseaux,
Il n'est point de grandes rivières.
Vous qui semblez placer votre souverain bien
Dans une fragile couronne,
D'où vient votre grandeur ? dites, qui vous la donne ?
Rois, ce sont vos sujets ; sans eux vous n'êtes rien.

Livre II, fable 10




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