Maigre et chargé d'un trop pesant fardeau, un Mulet cheminait lentement et ne cessait de déplorer son malheur. Un Porc également accablé du poids de son lard lui parle ainsi pour le consoler : Allons mon frère cesse de t'abandonner à ces plaintes inutiles et qui ne te conviennent pas. Chacun doit suivre sa destinée avec courage. Tout le monde sait que tu es né pour porter des fardeaux : si tu ne les portes de bon gré et gaîment qu'y gagneras-tu? tu n'en seras pas moins forcé de les porter, et ce sera (le plus avec chagrin ; ainsi tu auras deux peines au lieu d'une. Jette les yeux sur moi , et apprends à supporter ton sort. Me crois-tu moins chargé que toi ? Considère combien j'ai d'embonpoint : c'est là mon fardeau ; et j'en suis tellement fatigué , que je ne marche qu'avec beaucoup de peine. Cependant je n'en passe pas ma vie moins joyeusement et jamais ni planifies réfléchies ni soins rongeurs n'en corrompent la douceur. Ce beau discours ne plut pas au Mulet /pi répondit : Ne vois-tu pas que ton sort est tout différent du mien? Je me trouverais heureux si l'on me débarrassait de mon fardeau ; au lieu que ton malheur sera d'être un jour déchargé du tien.

Livre I, Fable 11




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