Malade et pensant bien île pas en revenir,
Un Éléphant près de lui fait venir
Ses quatre enfants et procède au partage,
Devant maître Renard, notaire du village,
De ses biens sous condition
D'une modeste pension
Avec hypothèque pour gage.
La mort n'en voulait pas four l'instant ; ses enfants,
Donataires reconnaissants.
Payèrent d'abord avec zèle
La pension trimestrielles ;
Mais au bout de quatre à cinq ans,
Ils trouvaient déjà que leur père
Était un vrai fardeau, qu'il vivait trop longtemps !
A quoi servait-il sur la terre ?,
A boire, manger et dormir.
Il était sourd comme une bombe ;
Serait-il pas mieux dans la tombe ?
Ferait-il pas mieux d'en finir ?
Et bientôt les ingrats en vinrent aux injures,
Aux épithètes les plus dures.
Ils prirent le parti de ne le plus payer
Sans s'être fait longtemps prier.
Père Éléphant avait conservé quelques roubles,
Des ducatons simples et doubles ;
Et certain soir qu'il savait que ses fils.
N'étaient pas encore endormis,
Bien certain de se faire entendre,
Il prend ses ducatons, se met à les compter.
Plus de cent fois à les reprendre,
Et toujours à les rejeter.
A ce manège, il passe une heure entière,
Se couche enfin après avoir fait sa prière.
Il s'en alla le lendemain
Se promener de grand matin.
Ses enfants, faisant diligence,
Mettent à profit son absence,
Volent au coffre-fort et le trouvant pesant :
« L'avare nous avait recelé son argent ! »
Disent-ils... De ce jour reparut leur tendresse,
Tendresse feinte et qui venait trop lard.
Exactement on paya le vieillard ;
On l'accabla de politesse ;
On chanta sur un autre ton.
Trois mois après il mourait tout de bon,
Et ses fils lui faisaient de riches funérailles,
Dans l'espoir de riches trouvailles ;
Mais cet espoir fut loin d'être réalisé.
Le coffre-fort étant brisé,
On n'y trouva rien qu'une pierre
Sur laquelle on lisait en très gros caractère :
« Jamais ne doivent les parents
Se dépouiller pour leurs enfants. »