Voyageant en Asie, un éléphant jadis
Vit un oiseau qui dit : Puisque la circonstance
Me fait trouver ici, jouis de ma présence,
Et contemple à ton gré l'oiseau de paradis.
Avant de m'avoir vu, par ce beau nom, peut-être,
Tu crus te figurer la splendeur de mon être ?
A présent que tu peux en juger par tes yeux,
Reconnais, aux couleurs que tout mon corps étale,
Que nul oiseau sous les cieux
En parure ne m'égale.
On parle tant du paon ! eh bien !
Si tu l'as vu, tu conviendras, je gage,
Que c'est en vain qu'on vante son plumage,
En tout mesquin auprès du mien.
Lassé de tant de jactance,
Ainsi parla l'éléphant :
Pour le sage, mon enfant,
Et le nom et l'habit sont de peu d'importance.
L'oiseau de paradis, après le phénix, est peut-être celui qui donné lieu aux contes les plus absurdes; c'est ainsi que l'on a débité et cru, pendant longtemps, qu'il n'avait point de pieds; que la rosée était son unique aliment ; qu'il volait sans cesse, même en dormant, etc. Ce bel oiseau est surtout remarquable par le volume et la singularité de sa fausse queue, formée, de chaque côté, par quarante ou cinquante plumes subalaires à bandes effilées et séparées, et dont les entrelacements divers forment un tissu à larges mailles, et pour ainsi dire transparent ; par les deux longs filets qui naissent au dessus de la queue véritable, et enfin par les diverses couleurs qui embellissent les plume de sa tête, de sa gorge, de sa poitrine et de son dos, couleurs qui sont changeantes et donnent des reflets aussi variés que les différentes incidences de la lumière. Voyez Guéneau de Montbeillard, Histoire naturelle des Oiseaux.