Le Héron et la Loutre Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Durant les forts hivers, est-il dans la nature
De plus souffrant individu
Que le héron ? De froid tout morfondu,
Souvent trois jours entiers il manque de pâture.
Dans une eau de fontaine, un jour que cet oiseau
De ses longs pieds et sonde et fouille,
Pour trouver dans la vase écrevisse ou grenouille,
Sans sortir de son antre, allongeant le museau,
Une loutre lui dit : Ah, pauvre misérable !
Que tu me fais de peine à voir !
(Dame loutre avait là, point notable en ma fable,
De maint et maint poisson plus d'un bon réservoir.)
Le héron répondit : Cesse envers moi de feindre ;
De poissons, je le sais, on te voit regorger :
Pourtant, vil animal ! tu ne fais que me plaindre,
Quand tu pourrais me soulager.

Livre II, fable 8




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