L'Enfant et l'Alouette Frédéric Jacquier (1799 - 18?)

J'étais encore enfant : une gente alouette
Dans un pré tomba près de moi.
Je la ramasse plein d'émoi,
Et je comprends aussitôt son effroi,
Lorsqu'en relevant la tête
Je vois une vilaine bête :
C'était un épervier, je crois.
Sur mon sein promptement je cache la pauvrette,
Et mon sein compte avec douleur
Les pulsations de son cœur.
Elle était palpitante et plus morte que vive,
En proie encore à la frayeur.
Je couvre de baisers ma gentille captive,
Lui parle ; elle paraît se complaire à ma voix,
Et commence à battre de l'aile.
Quand l'épervier disparut dans les bois,
Quand tout danger fut éloigné pour elle,
J'ouvre ma main, le cœur joyeux.
Obliquement d'abord elle inspecte les cieux,
En tous sens promène : ses yeux,
Puis s'élève en chantant vers les célestes lieux,
Après m'avoir dit à l'oreille :

« Bénis soient les petits enfants -
Pour les petits oiseaux-bons et compatissants,
Que sur eux le Ciel, toujours veille ! »





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