La Colombe et la Fourmi Frédéric Jacquier (1799 - 18?)

La fourmi, certain soir, frappa chez la colombe.
« De froid et de faim je succombe :
Un vieux mulot de mes voisins
A ses fureurs mettant le comble,
De fond en comble
A détruit tous mes magasins,
Et, de plus, la cruelle bête,
Sans pitié pour mes pleurs, sans pitié pour mes cris,
S'est installée en mon logis ;
Je ne sais point où reposer ma tête.
Si tu ne veux me secourir,
A ta porte je vais mourir. »
— « Un pauvre rossignol naguère,
Dit la colombe à k fourmis,
Un rossignol de tes amis
Comme toi se mourait de froid et de misère :
L'hospitalité, quelques grains
Qu'il demandait à son amie
Auraient pu lui sauver la vie,
Mais sa requête et ses pleurs furent vains,
Tu le payas de prétextes frivoles :,
Au lieu de lui porter secours,
Ainsi qu'aux mauvais cœurs il arrive toujours,
Tu le morigénas par de sottes paroles.
Ce fut bien mal à toi, bien mal, et je devrais -,
Te... mais je te ressemblerais.
Viens, mauvais cœur,, viens t'assoira ma table,;
Et souviens-toi qu'à son prochain toujours
On doit donner, quand le'malheur l'accable,
Se fût-il attiré son destin lamentable,
Non des leçons, mais du secours.





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