Un homme poursuivi par un tigre en colère
En un puits se jette éperdu,
Et reste suspendu
A de faibles rameaux de lierre
Qui serpentaient autour, en dedans, en dehors.
Et du puits recouvraient les bords.
Le tigre ayant perdu sa trace,
Rugit et passe,
Va porter plus loin la terreur.
Notre homme par degrés revient de sa frayeur ;
Il ose relever la tête,
Et n'apercevant plus la bête,
Il s'apprête à sortir du puits, lorsque ses yeux
Rencontrent dans un creux
Du miel laissé par des abeilles
Qui bourdonnaient à ses oreilles.
11 en prend peu d'abord ; mais insensiblement
Y revient, y prend goût, en mange abondamment ;
Dans une heureuse extase oublie
Le gouffre, les périls qui menacent sa vie ;
Le miel est si doux et si bon !
Le malheureux avec délice
S'enivre aux douceurs du poison
Et roule au fond du précipice !

Le miel, ô mes jeunes lecteurs,
C'est l'attrait dés plaisirs et leurs charmes trompeurs,
Leur doux enivrement et leur perfide ivresse,
Jeunes fous, qui tenez la coupe enchanteresse,
N'oubliez pas cette leçon :
Au fond du vase est le poison.





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