Boufsi d'orgueil, un stupide dindon
Se rengorgeait, traînait son aile usée,
Et, se croyant un céladon,
De tout le monde il était la risée.
A chacun des oiseaux peuplant la basse- cour
Il semblait s'adresser et dire tour à tour :
Admirez mon air noble et mon brillant plumage,
Mon esprit si subtil, mon regard si malin,
Mes chants mélodieux, mon élégant corsage ;
Je suis le plus aimable enfin :
Venez donc tous me rendre hommage !
Tel échevin, tel maire de village,
Tout aussi fier, chemine gravement,
Fort étonné qu'au doigt on ne le montre.
A droite, à gauche il sourit bêtement,
Espérant un salut de tous ceux qu'il rencontre.

Chez les oiseaux comme chez les humains,
Les êtres les plus sots sont toujours les plus vains.

Livre II, fable 14




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