Boufsi d'orgueil, un stupide dindon
Se rengorgeait, traînait son aile usée,
Et, se croyant un céladon,
De tout le monde il était la risée.
A chacun des oiseaux peuplant la basse- cour
Il semblait s'adresser et dire tour à tour :
Admirez mon air noble et mon brillant plumage,
Mon esprit si subtil, mon regard si malin,
Mes chants mélodieux, mon élégant corsage ;
Je suis le plus aimable enfin :
Venez donc tous me rendre hommage !
Tel échevin, tel maire de village,
Tout aussi fier, chemine gravement,
Fort étonné qu'au doigt on ne le montre.
A droite, à gauche il sourit bêtement,
Espérant un salut de tous ceux qu'il rencontre.
Chez les oiseaux comme chez les humains,
Les êtres les plus sots sont toujours les plus vains.