Sous des myrtes verts dans le jardin d'Idalie, l'Amour était endormi avec la divine Psyché, au milieu de cygnes harmonieux et de blanches tourterelles. Le dieu se sent blessé ; il se lève irrité, saisit son arc, prend deux traits dans son carquois, et dit avec colère en battant des ailes : <
Mais, o surprise ! sur sa lèvre rose il avise l'insecte qui lui ravissait son sang. Avec les deux mains il décharge sur lui un rude coup. L'insecte s'envole, revient le blesser et chante ironiquement. La nymphe se réveille et fuit. « Perfide, ingrat ! s'écrie-t-elle, est-ce par de pareils traitements que tu réponds à mes feux ? » L'insecte vole ; l'Amour s'élance à sa poursuite. Mais bientôt sa vengeance lui échappe. Fou de colère, il arrive à Paphos et dit ainsi à Cythérée le sujet de ses plaintes : « Mère, un insecte que l'on nomme moustique a troublé ma félicité et m'a blessé au visage. Inflige-lui le châtiment dû à un tel crime. » Vénus se mit à sourire et dit : « Enfant, taistoi. Comme lui n'es-tu pas fils des eaux ? Ne vivez-vous pas tous deux de sang humain ? Puisqu'il y a entre vous tant de ressemblance, dorénavant vous serez tous deux amours, quoique de forme différente. » Cupidon obéit aux ordres de sa mère, et c'est depuis ce temps que, pour notre malheur, il y a tant d'amours moustiques qui rôdent en bourdonnant pour troubler les joies de celui qui aime véritablement.