Un chasseur furetait les coteaux et la plaine,
Traquant avec ardeur un malheureux lapin,
Et ce pauvre animal croyait sa mort certaine,
Mais un fait tout forfuit vint le sauver soudain :
Fuyant devant les chiens sans détourner la tête,
Il sautait d'un seul bond les fossés, les ruisseaux;
Semblable au tourbillon chassé par la tempête,
Il glissait le long des coteaux.
Enfin la fatigue l'accable,
Sa course par degrés, semble se ralentir
« Je ne suis, se dit-il, qu'un pauvre misérable ;
Pour moi, tout est fini, hélas! je vais mourir! »
Le chasseur lui criait : « Je te tiens, mon compère!
Tu n'iras pas loin je l'espère ! »
Lorsqu'il voit des perdreaux au milieu des genêts.
Délaissant le coteau pour aller vers la plaine,
Il laisse le lapin qui se traînait h peine,
Et celui-ci regagne les forêts.
En arrivant chez lui, narrasse, hors d'haleine,
Il raconte a ses fils sa détresse soudaine
Et leur dit : « Aujourd'hui, j'ai vu de près lu mort ;
Me voici cependant au port !
Enfants, je suis d'avis qu'il nous fuut en conclure
Que même lorsque tout prend mauvaise tournure,
Nul ne doit se laisser aller au désespoir ;
Tantôt de deux gros chiens, quand j'ai senti l'haleine,
J'ai pensé, c'est ma fin 1 vous le croyez sans peine,
Et je suis cependant plein de santé ce soir !