Un jeune rossignol chantait dans le feuillage,
Mais hélas ! avec son caquet
Il ne fit qu'irriter les hôtes du bosquet,
Qui traitèrent son chant d'inutile tapage.
Les merles, les pinsons d'un air fort insolent,
Lui dirent tous en champ : « Tu fais le pétulant ?
Mais ta chanson est insipide !
Tu n'es qu'un parfait ennuyeux !
Va-t-eu loin du bosquet, loin du ruisseau limpide. »
C'est ainsi qu'ils parlaient au pauvre malheureux
Qui do honte baissant les yeux,
Ne soufflait pas un mot, une douleur intense
Chassait de son cœur l'espérance,
Lorsqu'un vieux rossignol
Ayant tout entendu, prend aussitôt son vol,
Accourt vers le chanteur et dit d'un air rigide :
« Du jeune rossignol je veux être le guide ;
Pourquoi repoussez-vous loin de nos abris verts
Ce petit oiseau qui commence
A moduler de joyeux airs ?
Peut-être en son métier manque-t-il d'assurance,
Mais je crois que bientôt dans nos brillants concerts
Il saura nous chanter la romance plaintive
Ou la chanson alerte et vive.
Dès ce jour, je le prends sous ma protection. »
Il le lit et si bien, dit-on
Qu'il rendit son élève un chanteur émérite.
Sa récompense ainsi n'a pas été petite.
Loin de décourager les jeunes débutants,
Donnons-leur des conseils, afin qu'ils puissent faire
Rapidement dans leur carrière
Des progrès éclatants.
Tendons une main secourable
A ceux qui marchent vers le bien ;
Les petits ont besoin d'un secours charitable :
Ils ne sauraient grandir sans avair du soutien.