Un jeune métayer citoyen de Bretagne, t
Cultivait avec soin les flancs d'une montagne ;
Aux jours brumeux d'hiver comme aux jours dit printemps
Il allait travailler aux champs,
Et savait remuer la terre avec prestesse.
Dès l'aube, on le voyait sans cesse
Entrain d'ensemencer ou bien de labourer ;
Et tout son voisinage admirait fort son zèle.
Il no pouvait vraiment manquer de prospérer.
Sa ferme, fut bientôt, de toutes la plus belle.
Un fermier son voisin, au front tout soucieux,
Et qui depuis longtemps, par sa grande paresse
S'était rendu tort malheureux,
Vint un jour te trouver l'œil noyé de tristesse
Et lui dit d'un air envieux :
« Je vois que le hasard préside à toutes choses :
Car, je ne sais pas quelles causes
L'un se voit accablé par un mauvais destin,
Et végète toujours comme un vrai misérable,
Tandis que l'on peut voir tel autre homme, soudain
Devenir riche un beau matin,
Avoir bon vêtement, bon lit, et bonne table ! »
Le fermier travailleur lui répond en ces mots :
Tu parles comme tous les sots 1
Le sort, prétendent-ils, leur est défavorable ;
Ils ont tout fait pour être heureux,
Mais sans pouvoir jamais rét.liser leurs voeux.
Ne te plains pas ainsi sur ce ton lamentable !
Désires-tu des biens? Travaille avec ardeur,
Et tu les acquerras, sois en sûr laboureur,
Si comme moi, tu veux avoir quelque richesse.
Sache dès le matin,
Occuper au travail, ton esprit et ta main ;
Car c'est l'activité qui bannit la tristesse,
La pauvreté, le noir chagrin.
C'est la paresse, ami, qui fait mourir de faim !
Ainsi ne te plains plus sans cesse ;
C'est toi seul qui fais ton destin.