Le régal du Moineau Henry Macqueron (1851 - 1888)

Un jeune enfant chérissait un Moineau,
Première passion, qui n’est pas la moins douce.
Il l’avait pris tout rose à son berceau de mousse,
Pour aimer tout son soûl. Un jour au passereau
Il disait : « Bon petit, aujourd’hui c’est ma fête.
Oh ! je sais que déjà ton cœur me la souhaite.
Viens donc là sur mon doigt ; nous allons partager.
J’ai du homard en rémoulade ;
J’ai du pouding au rhum qui n’est pas du tout fade.
Veux-tu du sucre d’orge à la fleur d’oranger ?
Veux-tu du chocolat ? Aimes-tu la friture ?
Mais pourquoi, s'il vous plaît, cette triste figure ?
Pour desserrer son bec, Monsieur se fait prier !
Ah ! le coquin ! pour s'égayer
Une goutte de kirsch lui sourirait peut-être.
Dis bien vrai. » Le Moineau répondit: « Petit maître,
Modérez les élans d’un cœur trop libéral.
Donner n’est certes pas une vertu vulgaire ;
Donner ce qui convient, c’est doublement bien faire.
Servez-moi donc tout chaud un crottin de cheval. »

Fable 42




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