Le Singe gourmand Henry Macqueron (1851 - 1888)

Un Singe, animal domestique,
Vivait libre en une maison,
Fréquentant plus, cela s’explique,.
La cuisine que le salon.
C'était un renforcé fripon.
Hé ! qui donc est parfait ? Au surplus, bon garçon,
Cajolant à propos le maitre et la maitresse,
Mais guettant un morceau plutôt qu’une caresse.
Un jour, pendant qu’a la salle on dinait,
Comme il allait flairant à la cuisine,
Certains merlans de bonne mine
Tentent le ventre du gourmet.
En chiper un, c’est un bon tour a faire;
Mais [a veillait le marmiton,
Dragon incorruptible, escorté d’un bâton,
Le Singe alors, combinant son affaire,
Se fait l’air innocent que sait prendre un vaurien,
Et s’en retourne de la sorte
Se poster derrière une porte,
Où doit passer l'objet qui lui sourit si bien,
Voilà le sire en sentinelle,
Le cou tendu, l’oreille au guet,
Et le bras en arrêt,
La porte tourne enfin; l’œil du singe étincelle,
Au beau milieu du plat quel superbe poisson!
Au nez ébahi de Suzon
Vite il le happe,
Et s'échappe.
Mais au coup du fripon un rire a riposté.
Il-court cacher sa honte et sa sotte figure:
Car il tient pour toute pâture
La queue! Au plat le corps trop pesant est resté.

C'est plaisir quand l’affront tombe sur l'effronté.

Fable 9




Commentaires