Pour servir de spectacle, un éléphant, un jour,
Était par son cornac promené dans la rue.
Tel spectacle chez nous n'a pas souvent son tour,
Et des badauds la foule était vite accourue.
Tout à coup survient un carlin ;
Voyant l'énorme bête, il s’agite, il frétille,
Et près de lui, d'un air malin,
Le roquet, sautillant, à japper s’égosille.
Agaçant l’animal de l'œil et de la dent,
Il semble l'exciter à lui livrer bataille.
« Voisin, dit un barbet, tu n’es pas trop prudent ;
Braver tel ennemi sied très mal à ta taille.
Il a pour toi d’ailleurs un mépris souverain ;
Tu vois : malgré les cris, il va toujours son train.
Eh! oh! dit te carlin, c'est justement, compère,
Ce qui me pique au jeu ; car ainsi, sans danger,
Parmi nos tapageurs, j'espère
A l'avenir me voir ranger.
Les gros chiens diront, et pour cause :
« C'est un carlin qui se défend !
Il faut qu'il soit fort, puisqu’il ose
Aboyer contre un éléphant ! »