Un homme vertueux avait un jeune fils,
Dont le cœur, neuf encore, et l'esprit sans malice,
Comme une place ouverte aux attaques du vice,
Par lui facilement pouvaient être surpris.
Déjà même, déjà de perfides amis,
Comme loups dévorants, assiégeaient l'innocence
Du tendre agneau. Salutaires avis
Cherchaient à préserver du venin de licence
Sa volage inexpérience ;
Mais l'étourdi n'écoutait la raison :
Vos inquiétudes, mon père,
Sont, disait-il, hors de saison.
Ne craignez point que ma vertu s'altère,
Et que l'exemple séducteur
Empoisonne mon cœur ;
Aux conseils des méchants je fermerai l'oreille,
Jeune Caton est bien rare merveille.

Livre I, fable 2








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