La Souris et le Chat Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Une souris mange un livre,
Et croit que tout l'esprit en sa tête est logé ;
Elle dit : Par mon art qu'on apprenne à mieux vivre ;
Guerre ouverte à l'erreur, au vice, au préjugé !
Mes sœurs, écoutez donc : Vous n'avez qu'âme suivre,
Le naturel du chat par moi sera changé ;
Il verra jusqu'où va ma puissante éloquence.
A l'instant Rodillard s'avance ;
Et le matou, quoiqu'affamé,
Paraît très attentif au discours entamé.
La voix de la souris n'eut jamais tant de charmes.
Le bon apôtre aussi feint de verser des larmes.
A son air de douceur et de compassion,
La souris compte bien sur sa conversion.
De plus en plus s'accroît sa magique éloquence ;
Chacun paraît ému jusques au fond du cœur.
Mais, pressé par la faim, Rodillard, qui s'élance,
Au plus beau du discours emporte l'orateur.

Livre II, fable 21




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