Dans certaine petite église
Que j'ai vue autrefois, je ne sais en quel lieu,
Où quelques neveux de Moïse
Chaque dimanche allaient rendre hommage à leur dieu,
Quoique déjà le temps l'eût mise
Dans le plus piteux des états ;
Car les oiseaux de nuit, les souris et les rats
La disputaient aux saints ; souvent même la bise,
Entrant insolemment par les trous des vitraux,
Du roi Nazaréen éteignait les chandelles,
Et par ici, par là, le défaut de carreaux
Y faisait trébucher les ouailles fidèles.
Dans cette église donc (le fait est curieux),
S'asseyant sur l'autel, un rat après la messe,
Dans son ineffable liesse,
A ses frères et soeurs criait tout glorieux :
Venez me contempler, partagez mon ivresse ;
Du fond de l'encensoir la suave vapeur
S'élève ici pour moi. Ainsi donc, lorsqu'il hume
Du parfum mal éteint quelque reste qui fume,
Un de ces gros matous, favori du pasteur,
Qui se tenait tapis près de là dans un angle,
D'un bond arrive à lui, le saisit et l'étrangle-
Voilà fort souvent,
Cerveaux pleins de vent,
Gens affamés de renommée,
Ce qu'on gagne à vouloir se nourrir de fumée.