Télémaque et Cerbère Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Minerve, grâce à ta présence,
Eludant du destin la suprême puissance,
Télémaque jadis, dans la barque à Caron,
Traversa le noir Achéron.
Mais ce n'était pas tout. Voici l'affreux Cerbère,
De son triple gosier exhalant sa colère,
Qui de terreur
Glaça son cœur ;
Tout le Tartare
Au loin redit
Le tintamare
Du chien maudit.
Cependant, prémuni d'un gâteau narcotique
Tout semblable à celui que la Sibylle antique
Autrefois composa pour le héros troyen,
Le prince, par degrés rappelant son courage,
Jette au formidable gardien
Cet infaillible appât. Bientôt le triple chien
Sent malgré lui mourir sa rage ;
Sous le poids du sommeil succombant à la fin,
Comme une lourde masse il tombe en sa caverne
Franchissant aussitôt la porte de l'Averne,
Le prince poursuit son chemin.

Que de gens parmi nous ressemblent à Cerbère !
Jetez-leur un gâteau, soudain ils vont se taire.

Livre III, fable 7




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