Tout couvert de sueur, un taureau vigoureux,
Sous ses bonds fougueux
Des prés foulant l'herbe,
Vers le ciel désormais levait un front superbe ;
N'ayant plus d'un joug odieux
Qu'un fragment sur le col... Ô bête encor sauvage !
Qu'as tu fait ? dit le bœuf ; la fourche, dès ce soir,
Te fera bien rentrer dans ton devoir.
Le taureau répliqua : J'endurais l'esclavage,
Et, déchiré du fer de l'aiguillon,
Comme toi je traçais un pénible sillon.
Mais un jour, qu'accablé sous le poids de ma peine,
Je vis à gros bouillons mon sang rougir l'arène,
Du l'eu de la colère à l'instant embrasé,
Mon maître me parut un tyran,exécrable ;
Mon joug devint insupportable :
Je l'ai brisé.