Avez-vous jamais vu madame la Grenouille,
Petite en taille mais ne manquant pas d’attrait
Pourtant elle rêvait d’aller chercher embrouille
Auprès des animaux vivant dans le marais.
Flânant dans sa Camargue, elle croise les cornes
D’un magnifique bœuf aussi large que long
Elle fait aussitôt ce souhait triste et morne,
De pouvoir se gonfler plus encor qu’un ballon !
« - Dites-moi, monsieur Bœuf, qui fut à l’origine
De cette force folle et de ces fermes flancs ?
Regardez, j’en suis loin, c’est ce qui me chagrine.
Pourrais-je un jour enfin égaler vos talents ?
Et si, profusément, j’enflais comme une balle,
Atteindrais-je jamais votre beau gabarit,
Et saurais-je copier votre race bestiale
M’éloigner à jamais de ce corps rabougri ? »
Sans attendre du Bœuf une claire réponse,
Décidée à pousser jusqu’au bout son élan,
Et bien qu’elle n’avait de bon sens pas une once,
La Grenouille se prend à poursuivre ses plans.
Sur un arbre coupé elle saute et se juche
En inspirant très vite, en inspirant très fort,
Pour espérer gonfler ainsi qu’une baudruche,
En inspirant très vite, en inspirant encor.
À force de remplir ses poumons d’oxygène,
La Grenouille semblait un poisson-lune, au mieux.
Sans jamais se douter de l’issue prochaine,
Elle tente à nouveau de rejoindre les cieux.
Mais à force d’enfler notre verte rainette,
Notre Icare d’argile, au derme si tendu,
Explosa bel et bien, creva ses deux pommettes,
Oh, que de confusions et de malentendus.