Le Rat de ville et le Rat des champs Jean-Baptiste Voinet (1976 - ?)

Je vais vous présenter Monsieur le Rat de ville,
Gentilhomme accompli, toujours très raffiné.
Courant les magasins, devant ses yeux défilent
Vêtements et bijoux, mille lieux pour dîner.
Un monde s'offre à lui afin de le distraire,
Qu'il ne connaisse pas la peine de l'ennui :
Théâtre, cinéma, tout est là pour lui plaire ;
Il ne se couche pas quand arrive la nuit.

Plus proche des moutons, des lapins, des volailles
Laissez-moi vous parler de Monsieur Rat des champs.
Vêtu d'une culotte et d'un chapeau de paille,
Il se lève matin, grâce au coq et son chant.
Ce pittoresque lieu que vous me voyez peindre
Est un vrai paradis pour notre campagnard
Et jamais il n'aurait pu seulement s'en plaindre,
Tout autre lieu de vie eût été cauchemar !

N'ayez crainte, monsieur, n'ayez pas peur, madame,
Je vais vous proposer plus qu'une description,
Jusqu'ici, j'en conviens, on s'ennuie et la trame
Pourrait bien davantage explorer des options.
Et si l'on proposait que Monsieur Rat de ville
Invite Rat des champs, par pure correction,
Dans son appartement, jusqu'à son domicile
Nous pourrions espérer voir enfin de l'action.

L'amoureux de la terre est dans la métropole,
La salopette grise et les sabots crottés
Ne respectent en rien des lieux le protocole,
Mais on s'en moque et l'heure est venue de goûter
Au repas du traiteur, à la bonne cuisine,
Aux bons vins tout autant, parfaitement au goût
Du fermier à son aise en la vie citadine.
Les choses allaient au mieux ici quand tout à coup... !

Venant de nulle part, les griffes acérées
Surgit un chat gourmand, affamé, prêt à tout
Pour engloutir enfin sa chère préférée.
Nos deux petits amis, chassés par le matou
Durent se réfugier très vite, en catastrophe
Dans la cave jusqu'à la fin de l'ouragan.
« - Nous revoici au calme, en cette fin de de strophe,
Affirma le bourgeois. - D'accord, mais jusqu'à quand ?

Une telle frayeur, une pareille frousse
Sont inconnues chez moi, au milieu de mes champs,
On n'y boit rarement ce fameux vin qui mousse
Mais on y vit en paix, loin des mauvaises gens.
Venez chez moi, cousin, un jour, je vous invite,
Vous percevrez alors le doux chant des oiseaux
Vous vous plaindrez, bien sûr, mais vous reviendrez vite
Goûter à l'eau qui coule en ces calmes ruisseaux. »

Décembre 2021


Il existe une chanson de style blues sur ce texte. Il s'agit d'une vieille histoire tirée de l'Antiquité grecque et reprise par La Fontaine. Ici, le danger, incarné par le chat, est inspiré de Walt Disney.

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