Le Vieillard et la Mort Jean-Baptiste Voinet (1976 - ?)

Un vieillard, autrefois,
Ayant coupé du bois
Quitta la forêt, la lisière,
L’ayant mis en fagot
Et chargé sur son dos,
Il s’en revint à sa chaumière.
Il marchait lentement,
Se plaignait grandement,
De cette route interminable :
« Oh ! terrible chemin !
Oh ! quel sort inhumain
Parmi tous le moins enviable !

Au milieu du parcours
Il chercha le secours
Du premier bougre de passage,
À gauche, il regarda,
À droite, il s’attarda,
À la recherche d’un visage,
En vain car cet aïeul,
Dans ces bois, était seul,
Chétive créature humaine.
Ballotté par les vents,
Entre morts et vivants,
Fragile vagabond en peine.

Vers la fin du parcours,
Implorant au secours,
Souhaitant la fin de ce supplice,
Examinant son sort,
Il appela la mort,
Comme une amie, une complice.
Toujours prête à servir
Qui commence à faiblir
Voici qu’arriva la faucheuse
L’homme se redressa
Sans gêne s’adressa
À l’immortelle voyageuse.

« Ah, le crève-la-faim
Le miséreux, enfin,
A l'honneur de votre visite !
Pourriez-vous, sans tarder,
Et sans vous commander,
Rapporter ce bois, au plus vite ! »
Le service rendu
Le vieillard courbatu
Congédia l'ange sans ailes,
Soudain ragaillardi,
Par peur du paradis
Ou bien des flammes éternelles.

Mai 2022


Inspiré de l'Antiquité. La Fontaine a plusieurs au titre approchant mais l'histoire n'est pas la même.

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