Le Fusil et le Lièvre Jean-François Guichard (1731 - 1811)

La tête sur son bras lui servant d'oreiller,
Un chasseur dans un champ se mit à sommeiller,
Son fusil à ses pieds ; passe un lièvre, qui, vite,
Dès qu'il aperçut prit la fuite.
Mais bientôt il se rassura,
Au point que même il le flaira,
Et que du bout du nez, bien plus, il le heurta.
Retire-toi, téméraire,
Lui dit l'arme meurtrière :
Sanglier, ours, tigre, lion, taureau,
À mon aspect tremblent tous dans leur peau ;
Je puis, en un clin-œil, t'étendre sur la place
- Erreur ; je rien de ta menace ;
Tu ne ferais pas fuir le plus petit lapereau,
Sans ton maître, qui rend ta foudre redoutable.
Mais je l'entends ronfler, je me moque de toi.

De même il en est du coupable ;
S'il voit dormir le juge, il ne craint plus la loi.

Livre III, fable 25




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