Un jeune enfant passait près d'une glace ;
En s'arrêtant, il se voit face à face
Avec son portrait réfléchi
Qui devant lui s'arrête aussi.
Par hasard une large tache
Qui s'étendait sur plus d'un trait,
Se répétait dans le portrait.
L'enfant à cet aspect se fâche,
Et, s'armant d'un grand coutelas,
Va mettre la glace en éclats.
Pour la punir, de gâter son visage.
La mère, en cet instant survient,
Désarme l'enfant, et lui tient
Ce discours en personne sage :
- La faute n'est pas au miroir,
Mon fils, si vous avez du noir
Sur votre gentille figure ;
Supprimez cette glace et tous autres témoins,
Votre noir y sera-t-il moins ?
Essuyez cette tache impure
Qui défigure ainsi vos traits,
Et puis regardez-vous après ;
Dans cette même glace, enfant, je vous le jure,
Vous aurez un teint pur et frais. -
Nous sommes tous enfants de la même manière ;
Que le regard d'un étranger
Nous trouve des défauts, nous entrons en colère,
Ne ferions-nous pas mieux de nous en corriger !