La vraie et la fausse piété Jean-Jacques Porchat (1800 - 1864)

Pour honorer des morts le lugubre passage,
En certains lieux, dit-on, des pleureurs de louage
Suivent en gémissant, en se tordant les bras,
Le défunt que souvent ils ne connaissaient pas.
Ils font beaucoup de bruit pour gagner leur salaire.
Après eux vient le fils qui pleure son vieux père,
Ou le vieillard caduc, désolé, mais soumis,
Qui déplore et sa vie, et la mort de son fils.
On ne les entend pas ; nul écho ne répète
Les accents étouffés de leur peine muette.
Ainsi la piété, blottie au fond du cœur,
Se cache aux yeux de homme, et se garde au Seigneur,
Tandis que l’hypocrite à l’homme seul veut plaire,
Et fait beaucoup de bruit pour gagner son salaire.

Livre V, fable 11




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