Un Lion du Barca, des bons rois le modéle,
Rêvait la paix universelle.
De ses cruels vassaux pour adoucir les moeurs,
Il publia des lois, et de la république
Abolit la coutume antique.
Bref, il changea le code, et crut changer les coeurs.
Il défendit le meurtre, et, sur la rive More,
Il réduisit partout les siens
Au régime de Pythagore.
Grâce pour les moutons, les bergers et les chiens.
Mais le plus difficile encore était à faire.
Serait-il obéi ? C’était la question.
Attendons ses pareils à l’exécution.
Du Lycurgue africain bientôt quelque émissaire
Lui dénonce un rebelle, un vieux Loup, ce dit-on,
Qui, là-bas, dans la plaine a soupé d’un mouton.
« Procédons, dit le Roi. Vous, Renard, sur la place
Constatez le délit ; suivez-en bien la trace. »
C'était le royal procureur.
Il part, et près des lieux où le Loup, son compère,
Du forfait présumé l'auteur,
Fait sa résidence ordinaire,
Il voit un peu de sang, un peu de laine aussi,
Débris fumants encore, et souillés de poussière.
« Oh! dit le Renard, qu’est ceci !
Et pourquoi tous ces pas tournés vers sa tanière ?
Juste ciel ! notre ami le Loup,
N’en doutons plus, a fait le coup.
Et ne pas mieux cacher !... - Que faut-il que je fasse ?
Effaçons tout vestige, et nettoyons la place.
À cette complaisance il peut répondre un jour. »
À ces mots, de sa queue ondoyante et touffue,
Balayant la poudre alentour,
Du crime la justice il déroba la vue.