L'Oranger et l'Ognon Jean-Jacques Porchat (1800 - 1864)

Prés d'un carré d’Ognons, un superbe Oranger
Habitait un jardin fleuriste et potager,
Où l'on avait uni l’agréable à l'utile.
Si le zéphyr léger d’une vapeur subtile
Sur les Ognons parfois en passant se chargeait,
Et jusqu’à l'autre plante ensuite voltigeait,
La fleur au doux parfum détestait sa visite.
« Va-t-en, pestiféré, s’écriait-elle, et toi,
Voisin fatal, herbe maudite,
Ne me fais plus souffrir ; fuis aussi loin de moi. —
Nenni, monsieur le Sybarite.
Vos cris sont superflus, lui répondit l'Ognon.
La main du jardinier vous fit mon compagnon :
Ensemble, s'il vous plaît, nous passerons notre âge.
Vous craignez mon odeur? Moi, je crains votre ombrage.
Sans murmurer pourtant je vous vois dans ce lieu.
Ici-bas, mon ami, qui faites la grimace,
Chacun a ses défauts, et chacun tient sa place. »
Que le voisin s'arrange ainsi qu’il plait à Dieu.

Livre III, fable 9




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