Salut à l'arbrisseau qui, des rives du Tage,
Dans nos climats jadis fut transporté,
Qui pare nos jardins au retour de l'été !
La beauté de son feuillage,
Des cœurs constants fidèle image,
Toujours vert et toujours frais,
Dans le cours des saisons ne s'altère jamais.
Lorsque de son parfum la suave ambroisie
Remplit l'air et le purifie,
Elle nous peint l'attrait d'un sentiment
Au sein duquel les cœurs s'épurent en s'aimant.
Dans un terreau fécond sa racine est nourrie ;
En globe gracieux sa tête est arrondie ;
Dans la serre, au milieu d'une douce chaleur,
Il voit du triste hiver s'écouler la rigueur.
Puis, au printemps, on le porte en litière ;
La caisse que pour lui façonna le ciseau
Semble un trône érigé sur lequel l'arbrisseau
Étale en souriant sa tige noble et fière.
Chambellan de ce roi nouveau,
Sans cesse à le servir mon jardinier s'applique,
Matin et soir pourvoit à ses besoins.
De cette préférence il mérite les soins,
Car, par un privilège unique,
Pendant qu'il étale à nos yeux,
Avec l'éclat de l'or, son fruit délicieux,
Sur chaque branche en festons est semée
Sa fleur candide et parfumée,
Et je vois à la fois sur lui se réunir
Aux présents du passé l'espoir de l'avenir.
L'oranger d'un bon fils est la fidèle image,
Quand dans le bien il marche avec ardeur.
De ses succès passés en goûtant la douceur,
De ses progrès futurs nous y voyons le gage.