Un Cheval, par ceux du comté
Vers le roi Lion député,
Allait galopant dans ta plaine.
Il courait annoncer leur déroute prochaine.
L’ennemi, rompant le traité,
S'était mis en campagne, et pillait leur domaine.
« Où vas-tu ? dit le Singe. Ou vas-tu ? Réponds-moi. —
Mon ami, je vais chez le roi. —
Nous ne pouvons donner passage. —
Comment ! lorsqu’un pressant message...—
N'importe ; reste ici. Tu n’as pas qualité
Pour aborder Sa Majesté.
Ta requète par moi doit être présentée
Au Loup qui chez le Tigre à son tour passera ;
Le Tigre à l'Éléphant après la donnera.
Au Monarque à la fin l’affaire étant portée,
Par les mêmes chemins la réponse viendra. —
Combien de temps perdu ! Que de monde inutile ! »
Dit le courrier, fort mécontent.
Il donna son placet. Le Singe cependant
Chez le Loup va d’un pas tranquille.
Ainsi passant de main en main,
Avec la même diligence,
La lettre, en dépit de l'urgence,
Resta fort longtemps en chemin.
Le malheureux Cheval se morfond à l’entrée.
Enfin après mille détours,
Après certain nombre de jours,
Vint la réponse désirée ;
Mais le mal était fait lorsqu’on eut les secours.

Livre III, fable 8




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