« Que dit te maitre en sa voiture ?
Que tout est bien dans la nature ;
Et ces Mouches sans doute aussi ?...
Je voudrais bien le voir ici !
Au premier ravin qui m'invite
Pour les fuir je me précipite. »
Prés d'accomplir un vœu fatal,
Ainsi raisonnait mon cheval,
Mangé de Mouches détestables.
Adieu la Muse, adieu les fables,
Doux trésors dont je suis trop vain ;
Tout périssait dans le ravin,
Si je n'avais chez mon vieux sage
Des chevaux appris le langage.
« Coco, suivez le droit chemin.
Par le fouet que je tiens en main,
Et que vous ne connaissez guère,
Je vous promets bonne litière
Et l'avaine an premier hôtel.
Vivons, Coco ; le coup mortel
Assez tôt viendra sans notre aide.
Le voilà le mal sans remède.
Le votre avant peu doit cesser ;
Bientôt ces Mouches vont passer. —
Eh ! d'autres nous manqueront-elles ?
A nouvel an Mouches nouvelles.
Pour me plier à mon destin,
Maitre, parlons du picotin. »

« Demain, dit la vaine espérance,
Demain finira ta souffrance. »
Donnez-moi, c'est tout mon désir,
Pour la charmer quelque plaisir.

Livre XII, fable 3




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