Le jour s‘enfuit : le pauvre campagnard,
Fossoir en main, prend une ardeur nouvelle.
Il faut semer, et semer sans-retard.
Voici l'hiver ; déjà plus d'hirondelle.
Tl travaillait, de sueur tout baigné <
Le bon Darand, d'un lord accompagné,
Vine à passer, faisant sa promenade.
« Voyez, dit-il, l'ouvrier vigoureux !
Mais c'est trop faire : il se rendra malade.
Pieds nus encore ! Hélas ! le malheureux
A ses dépens épargne sa chaussure.
Sous le buisson la voici, des sabots. —
Oh ! dit Anglais, plaisant de sa nature,
Moi, j'aime à rire, a saisir l'à-propos.
Je veux cacher les souliers du pauvre homme,
Subtilement. Comme il sera confus !—
Oui, très-confus, mais je vous dirai comme
Vous pouvez faire, et l'étonner bien plus. —
Comment ?— Mettez dans ces sabots la somme
Que l'écarté vous coûterait demain.
Soyez plaisant, mais sans être inhumain. —
Charmant, » dit autre. Il paya vingt guinées
_ Ce passe-temps. Jugez il parut doux
A l'ouvrir. Mais. qu'il fut beau pour vous,
Sage Durand ! Ah ! si les destinées
M'ont de tels jeux envié le plaisir,
Puissé—je au riche en donner le désir !

Livre X, fable 10




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