Les quatre Taureaux et le Lion Jean-Louis-Marie Guillemeau (1766 - 1852)

Quatre taureaux, par un hasard heureux,
Habitans d'une même et riante prairie,
Arrêtèrent que chacun d'eux
Défendrait ses amis au péril de sa vie.
Un lion, les voyant paître ainsi réunis,
N'osa les attaquer, malgré sa faim extrême.
Mais, ayant eu recours à quelque stratagême,
Il parvint à troubler l'accord des quatre amis.
Les boeufs, ainsi privés d'un nœud qui les rassemble,
N'opposent au lion qu'un effort impuissant ;
Et ceux qu'il n'avait pu vaincre et soumettre ensemble
Furent mangés séparément.

Heureux le peuple oublié, mais paisible,
Qui, de ses lois, jamais ne brise les ressorts !
La discorde affaiblit les états les plus forts ;
L'union rend toujours le plus faible invincible.

Livre V, fable 16




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