Pluton, Castor et la Rancune i,
Dogues de taille non commune,
Un certain soir d'hiver, par le froid morfondus.,
(La neige blanchissait la basse-cour voisine),
S'étaient glissés dans la cuisine,
Et devant le foyer sommeillaient, étendus.
Non moins sensible qu'eux aux frimas 4 à la bise, _
Arrive un autre Chien, à museau de renard,
Dont le nom était Aboyard.
Il venait se chauffer ; mais la place était prise,
Et prise par des concurrents
A coup sûr disposés à lui montrer les dents.
Que vouliez-vous qu'il fît contre trois ? Vu sa taille,
Il était dangereux de risquer la bataille.
Il ne la risqua point. De ses chers commensaux,
Aboyard, en sortant, respecta le repos ;
Mais le voilà cherchant une ruse savante
Pour déloger nos gens. D'une voix de Stentor
Il hurle dans la cour, et répand l'épouvante.
A ses cris, la Rancune, et Pluton, et Castor,
S'éveillent en sursaut, le cœur bouillant de zèle,
Répondent au signal, et, hurlant tous les trois
À la fois,
Vont se précipitant où l'honneur les appelle.
Errant de tous côtés à l'ombre de la nuit,
Ils cherchaient le voleur, dans la ferme introduit ;
Ils le cherchent encor. L'autre, ne vous déplaise,
En paix les laissant aboyer,
Devant le bienheureux foyer
Vint s'étaler tout à son aise.
Je le prédis : les animaux,
A force d'être avec les hommes,
Seront, à la fin aussi faux,
.Aussi rusés que nous le sommes.