Il semble que l'amour enflamme
Chaque objet qu'il approche et qu'il lui donne une âne.
Communiquant la vie à tout,
Son pouvair s'exerce partout :
Sur l'air et sur les eaux, sur la fleur et sur l'arbre,
Et même jusque sur le marbre.
J'en ai la preuve, Dieu merci !
Je peux vous la donner ici.
Un sculpteur possédait un bloc de pierre énorme,
Morceau très pesant, masse informe.
Il se met à l'ouvrage, il va la façonner ;
Mais qui pourrait savoir ce qu'elle doit donner !
Sur le bloc inerte il se penche ;
De tous côtés il en retranche,
Il taille le matin, le soir il taille encor ;
Bientôt la masse prend un corps.
D'une femme déjà les contours se dessinent :
Des traits sont ébauchés et d'autres se devinent.
Au sculpteur jusqu'ici son œuvre parle en vain :
Il lui faut le souffle divin.
A rendre la beauté toute pure il s'applique ;
Aux formes qu'il produit son âme il communique ;
Il touche à l'idéal qu'aux dieux il a surpris.
Il a créé Vénus : lui-même en est épris.
Par l'amour inspiré, le feu sacré l'embrase :
Devant son œuvre alors il demeure en extase.
Pour voir le marbre s'animer,
De l'art il faut sentir la flamme, - il faut aimer.