Navires qui formez, en voguant sur les ondes,
La chaîne d'or qui joint les rives des deux mondes,
Que le destin pour vous est inconstant !
Tantôt le souffle de Zéphire
Vous promène tranquillement
Sur les flots du liquide empire ;
Tantôt, dans leur courroux, les dieux
Contre vous déchaînant l'aquilon furieux,
Font éclater la foudre sur vos têtes,
Et vous êtes alors le jouet des tempêtes.
Des humains, ô frêles vaisseaux !
Vous présentez une fidèle image.
Mélange de biens et de maux,
La vie est cette mer si sujette à l'orage ;
Et faisant tête au caprice du sort,
Notre raison est le pilote sage
Dont l'utile secours nous fait surgir au port.