« Croyez-vous que la poésie
D'être injuste donne le droit ?
Votre art partout me calomnie,
Et l'aveugle public vous croit.
Du papillon vous faites un emblême
De l'oisive frivolité ;
Plus frivole que moi, vous-même,
Ne vous plaisez-vous pas dans la légèreté ?
Au tribunal de la sagesse
Que le favori d'Apollon
A son tour vienne et comparaisse
Avec le pauvre papillon.
De fleur en fleur si je voltige,
C'est pour m'instruire en observant ;
Pour moi s'ouvrent sur chaque tige
Les feuillets d'un livre savant.
En plaçant sous nos yeux ce magnifique ouvrage,
Le Créateur nous invite à jouir,
Et c'est encor lui rendre hommage
Que de savoir goûter un innocent plaisir.
A tort vous me croyez volage ;
Quand j'unis l'étude et les jeux,
J'ose le dire, en cela je suis sage :
Je ne fais point de vers, mais je sais être heureux. »
Du papillon la doléance
Par devant un jury fut instruite, dit- on.
On dit aussi que la sentence
Fut favorable au papillon.
Du devoir, du travail, si le conseil austère
Dans mes fables souvent se trouve présenté,
Il en est un plus doux, presque aussi nécessaire,
Que j'y joindrai toujours.... celui de la gaîté.