Dans un magnifique parterre,
Un papillon parmi des fleurs
Tournoyait d'une aile légère,
Ne sachant à laquelle accorder ses faveurs.
A l'éclatant aspect des couleurs diaprées
De l'orgueilleux coquelicot,
De la tulipe et du pavot
Étalant à l'envi leurs têtes empourprées,
Presque immobile en l'air il s'arrête aussitôt,
Pour mieux les admirer plane sur chaque tige,
Va, revient, de plus près voltige,
S'approche encor, puis tout-à-coup
A leur odeur sentant naître en lui le dégoût,
Vers d'autres fleurs au plus vite il s'envole.
Bref, après avoir fait mille évolutions,
En les flairant, volé de corolle en corolle,
Et toujours éprouvé mêmes déceptions,
Il aperçoit tout près une humble violette
Qui, sous l'ombrage protecteur
D'une épaisse et verte coudrette,
De l'éclat du grand jour abritait sa pudeur.
11 s'avance : aussitôt une odeur embaumée,
Semblable au doux parfum de l'encens d'Idumée,
Et le frappe et le charme : il voltige à Pentour,
S'y pose, puis ouvrant son modeste calice,
Il y savoure avec délice
Un plaisir inconnu qui fixe son amour.
Dans les liens du mariage
Vous qui voulez vous engager
Sur d'attrayants dehors,.surun joli visage
Gardez-vous souvent de juger.