Perché sur le sommet d'un arbre, un rossignol
Dans ses petits goûtait douce espérance.
Chacun d'eux déjà dans son vol
Avait pris quelque confiance ;
Ils essayaient de voler à l'entour,
Et le rossignol de sourire.
Prudemment, toutefois, il croit devoir un jour
Les rassembler, et puis leur dire :
« Pendant que vous ne songez qu'à courir,
Cruel chasseur peut survenir ;
Un épervier peut vous surprendre,
Et le filet sous vos pas peut s'étendre.
Volez, mes chers petits, sur vous je veillerai.
Si quelque danger vous menace,
Ici je vous rappelerai
Par un coup de sifflet, mais revenez, de grâce. »
Il avait dit, on l'avait écouté.
Dans un champ les petits erraient à l'aventure
Et se croyaient en sûreté,
Lorsqu'un matou cherchant pâture,
Qui, dans sa course ayant flairé
Les oisillons, déjà les croquait en pensée ;
Sous un buisson cachant son dos fourré,
Haletant, l'œil en feu, la barbe hérissée,
A pas lents se glissa, sans être soupçonné.
Le rossignol le voit, le signal est donné :
Aussitôt, sains et saufs, sous l'abri tutélaire
Viennent se cacher les petits.
C'est ainsi toujours qu'un bon fils
Doit se montrer docile à la voix de son père.