Un Rossignol, près d'une basse-cour,
Gazouillait son bonheur ; caché sons le feuillage,
Que disait-il dans son ramage ?
« À Dieu tout notre amour ;
À Dieu qui nous donna l'aurore,
La fleur qui Vient d'éclore,
Ce soleil qui, dans l'air, s'élève vers le ciel,
Ce calice des fleurs qui nous donne le miel.
Amour à Dieu qui dans les airs balance
Tous ces mondes sans fin que dans l'espace il lance,
Qui, groins de sable à nos yeux,
Sont des milliards de fois plus gros que noire terre :
Tout est mystère
Dans cette immensité, ces astres lumineux ;
Mystère qui nous dit : Adore »
L'hymne du rossignol la nuit vibrait encore :
« Amour à Dieu, te roi des rois,
Qui dit à l'homme : Espère et crois » !...
Qu'arriva-t-il ? une tempête.
Toute la basse-cour, les chiens de chasse eu tête,
Poussèrent d'horribles clameurs.
— Laissons hurler les aboyeurs,
Disait le rossignol : « À Dieu toujours la gloire !
A Dieu, toujours, toujours bonté, pardon, victoire » !...
Orgueil, impiété, dénigrant le pouvair ;
Basse-cour, voilà ton miroir,
Voilà ton caractère.
Epouvanté, le rossignol
Vers te ciel prend son vol ;
Mais de loin les échos répétaient sa prière.
De ces clameurs impies un agneau gémissait ;
Pour les méchants son cœur ému priait
Cœur orgueilleux, écoute :
Malheur éternel à qui doute !