— Oui, je le jure, à. ma cuisine
Vous irez tous jusqu'au dernier,
Disait un jour un jardinier
En ajustant sa carabine
Sur un rubicond cerisier
Que de gourmands moineaux une bande impudente,
Du matin jusqu'au soir, à sa barbe, à ses yeux,
Dévalisaient à qui mieux mieux.
Le coup part sous le doigt qui presse la détente,
Et soudain tombent palpitants
Quatre blessés et trois mourants.
Au nombre des premiers il voit battant de l'aile,
De son sang rougissant le sol,
Un jeune et joli rossignol
Qui dans ces termes l'interpelle :
Pour me traiter ainsi, méchant, que t'ai-je fait ?
M'as-tu vu te causer le moindre préjudice ?
Sans une criante injustice
Peux-tu me reprocher le plus léger méfait ?
Pour te complaire, avant l'aurore
Je te réveillais par mes chants ;
Je détruisais les vers et mainte autre pécore
Vivant de fruits à tes dépens ;
Je leur faisais à mort une incessante guerre,
Et sur moi sans égard dirigeant ton tonnerre,
Tu me frappes, ingrat, de ton plomb meurtrier !
— Mon cher, répond le jardinier,
Je suis au désespoir, crois-le bien, je te prie,
De m'ôtre ainsi trompé, de ne pas t'avoir vu ;
Mais aussi, dis-moi donc, pourquoi te trouves-tu
En si mauvaise compagnie ?