Certain savant, ami de la nature,
Aimait à visiter les fleurs de son jardin,
Étudiant leur intime structure.
Or il voyait, chaque matin,
Que devers l'orient leur tige était tournée,
Paraissant du soleil saluer le retour ;
Il voyait, au déclin du jour,
Vers le couchant cette tige inclinée.
Leur calice, en un mot, de l'astre radieux
Semblait suivre le cours dans l'espace des cieux.
« Quel est, ô noble fleur, l'instinct qui te dirige ?
Quel aimant dans ton sein paraît être caché ?
Lorsque ton pied fragile est au sol attaché,
D'où vient le mouvement qui balance ta tige ?
D'un principe mystérieux
J'ai quelquefois en vous soupçonné l'existence ;
Peut- être une âme en toi se dérobe à mes yeux. »
- « Oui, d'une céleste puissance
Je ressens les effets, lui répondit la fleur ;
Une irrésistible tendance
Incline, ami, nos fronts vers l'astre bienfaiteur
Dès l'aurore ; le soir, notre reconnaissance
Lui porte nos parfums en retour de ses dons.
Nous invoquons sa bénigne influence,
En le contemplant, nous vivons. »
Enfant chéri, doux espoir de ton père,
Dès l'aurore, le soir, vers ton suprême auteur
Dirige ta simple prière,
Celle digne de lui, la prière du cœur.
Tout ce dont tu jouis de ses mains est l'ouvrage ;
Par tes vertus réponds à ses bienfaits.
En attachant ton âme à cette auguste image,
Tu trouveras le bonheur et la paix.